La Pesanteur : Maîtresse de l’Espace ?

Malgré des siècles de traversées, l’espace reste une étendue aussi froide que mortelle : les navigateurs du tristement célèbre Titanicus l’auront bien compris. Une récente publication de l’IUSEE (Institut Universel de la Statistique et des Études Économiques) révèle qu’il ne se passe pas deux semaines sans qu’un accident ne provoque la mort de plus quatre mille passagers, en moyenne. Et ce uniquement dans le domaine de la navigation civile. Des chiffres alarmants qui rendent aussi frileux les assureurs que les clients potentiels. Toujours selon l’IUSEE, se basant sur les données collectées des diverses boites noires, près de 72% des accidents graves (sont considérés comme "graves" tout accidents entraînant la mort d’un passager ou membre de l’équipage) sont dû à une erreur humaine ; dans 92% de ces cas il s’agit d’une faute, qu’elle soit directe ou non, des membres haut-gradés du personnel naviguant. Ces conclusions ont été accompagnées par les réponses incendiaires des plus gros lobbies du transport, réfutant en bloc le dossier « sans véracité ni fondement statistique solide » (Talliaq R., Directeur Général de la Naviga, l’une des principales agences visées par l’IUSEE). Parallèlement aux publications de l’IUSEE, la Royal Society of Independent Research (organisme de recherche privé aux affiliations ducales) affirme l’existence d’un lien de concomitance entre l’environnement immédiat du personnel naviguant et sa qualité décisionnelle, attribué à la pesanteur artificiel. L’étude portait sur plus de huit cents officiers représentatifs des stratèges d’un grand nombre d’empire galactique : issus de la même promotion, ayant les mêmes qualifications, recommandations et années de services. Répartis en deux groupes d’âge et de sexe homogène sur deux bâtiments familiers dont l’un ne possédait pas de gravité artificielle, il leur a été demandé d’effectuer diverses manœuvres de difficulté croissante. Après trois mois d’expérimentations et huit d’analyses, la Royal Society présente ses conclusions : s’il n’existe pas de différences notables sur des exercices simples (manœuvres évasives, création d’une ligne de tir), près de 13% d’erreurs supplémentaires ont été enregistrées en apesanteur lors de manœuvre complexe et 27% lors de situations dites « de stress » (simulées par divers incidents). Pourquoi de telles différences ? Selon l’étude, qui s’appuie sur les rapports médicaux et rhéologique des huit cent officiers suivis, l’irrigation sanguine de l’encéphale serait sensiblement modifiée sans pesanteur, notamment au niveau des lobes frontaux, sièges de l’intelligence, et du rhinencéphale, coordinateur de l’émotivité. La Royal Society montre que si les fluctuations sont faibles, il s’agit d’un pronostic aggravant lors de tension ou de fatigue, comme pendant des manœuvres difficiles et dangereuses après sept heures de service. Cependant, bien qu'initialement félicitée lors de nombreux congrès médicaux et spatiaux, l'impartialité de l'étude est sérieusement remise en cause par l'arrivée sur le marché industriel du modèle TT233-G (pour « Gravity ») par le principal armateur Ducal, également financier de l’étude. Les principaux détracteurs parlent même de « déterminisme statistique » et réaffirment la supériorité de l’apesanteur concernant « la sécurité et le confort » (Alfred T., Principal actionnaire de la Fédération Spatiale). Lorsque les principales agences concernées par le rapport de l'IUSEE sont interrogées à ce sujet, même si elles semblent sceptique sur l'apport de la pesanteur, elles se disent prêtes à faire "l'effort d'un investissement pour apaiser les syndicats d'usagés" (Talliaq R., Directeur Général de la Naviga)
----------- Ajouté le 26 Volahn(9) de l'an 15,350 TSU par Peter Höcherl-----------

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